Mission. Insertion (Philippe Labbe Weblog. II)

Allumer le feu… (Philippe LABBE, 16 avril 2015)

16 Avril 2015, 12:31pm

Publié par mission

Voici une « offre » (1) (on comprendra le pourquoi des guillemets) du Grand Frère Pôle emploi, actualisée le 16 avril 2015, pour un-une conseiller-ère en insertion professionnelle en Mission locale dans le cadre de la Garantie Jeunes (GJ).

Moins-disant.

Il s’agit d’un CDD de 12 mois, alors que l’UNML, syndicat employeur, commentant le « Questions-Réponses » de la DGEFP du 28 mars 2014, précise que, pour la GJ, « le recours au CDD est déconseillé. » (UNML Info, 27 février, « Les conseillers en charge de la mise en œuvre de la Garantie jeunes doivent-ils être embauchés en CDI ? » (2) ). Certes, prudente, la DGEFP indique que « l’expérimentation Garantie jeunes jusqu’au 31 décembre 2015 {…} implique le déploiement d’une démarche pluriannuelle, légitimant le recours à l’embauche en CDI. De plus, les engagements budgétaires triennaux de l’Etat sont définis jusqu’en 2017 ce qui sécurise encore un peu plus le cadre de mise en œuvre de l’expérimentation. Ces éléments concourent à éclairer les décisions de recrutement mais ne peuvent se substituer à la décision qui appartient aux employeurs. » En l’occurrence, la décision de l’employeur est celle du moins-disant.

Un p’tit master souhaité.

Moins-disant… pas pour tout puisque, pour décrocher le pompon, une « expérience exigée de deux ans en animation de groupes » sera nécessaire à l’impétrant ainsi qu’un niveau Bac + 3, Bac + 4 « ou équivalent souhaité ». Evidemment le candidat devra maîtriser tableur et traitement de texte ainsi que, faut-il le préciser, le permis B.

SMICARD

Cerise sur le gâteau, la rémunération : 9,61 €/heure… soit exactement, au centime près, le SMIC 2015. Il fut un temps où, apprenant les rudiments de droit, on avait cru comprendre qu’une convention collective ne pouvait être que plus avantageuse que le droit du travail ordinaire au même titre qu’un accord d’entreprise ne pouvait  être moins avantageux qu’une convention de branche. La CCN précise que « Chaque salarié ne pourra être rémunéré à un salaire inférieur à celui correspondant à la cotation du domaine de compétence le plus élevé qui lui sera reconnu » et que « Ces règles {de rémunération} permettent de comparer les situations des salariés les unes par rapport aux autres, de faire apparaître d'éventuelles différences de traitement et de faciliter leur règlement. » (in CCN, « Note d’explication »). Nul doute que les différences de traitement ne seront pas « éventuelles » et, subséquemment, que « leur règlement » ne sera pas facilité… Ici, un CIP (cotation 11) payé au SMIC : combien seront payés les chargés d’accueil (6), d’animation (6), les assistants administratifs (4) ? Une hypothèse : employer au noir ?

On mesure, ici et une fois de plus, l’importance dont on crédite le travail des pioupious : on ne peut moins. En tout cas, on met en place les conditions d’une mission de consultant pour éteindre le feu. Après tout, il faut bien que tout le monde vive.

 

Le ciel vous tienne en joie.

 

(1) : http://candidat.pole-emploi.fr/candidat/rechercheoffres/detail/026GPLM

(2) : http://www.unml.info/actualites/syndicat-demployeurs/20153/les-conseillers-en-charge-de-la-mise-en-euvre-de-la-garantie-jeunes-doivent-ils-etre-embauches-en-cdi.html

 

Pierre Delisle (23/04/2015)

 

Avē Cæsar!

Juste si je peux me permettre un léger mais viril apostrophage concernant la partie financement évoquée par notre Maitre Labbé.

Bien des mots sont partis de Paris pour arriver comme artifice en province. Ainsi et à toute fin utile voici comment sur le terrain se traduit calendairement en euros dissonant et trébuchant le financement de la garantie jeune.

50% du financement arrive sur le compte de la ML au premier semestre de l’année N de la convention. (Nous sommes bientôt au cinquième mois de l’année et nous n’avons pas reçu un demi centime d’euros au titre de la convention 2015).

20% du financement sont versés sur le compte de la ML au premier semestre de l’année N +1 de la convention au prorata des entrées réalisées et sous réserve que le jeune soit resté à minima un mois dans la Garantie jeune.

20% du financement sont versés sur le compte de la ML au deuxième semestre de l’année N +1 de la convention suite à une analyse qualitative des résultats. Un sondage est réalisé sur les sorties positives (emploi, formation, scolarisation) et/ou sur les 120 jours à minima que le jeune aura du passés en entreprise pendant la garantie jeune. Le sondage cela consiste pour la DGEFP à prendre X jeunes, voir le pourcentage d’entre eux qui ont eu soit une sortie positive soit les 120 jours en immersion entreprise et d’appliquer le ratio ainsi trouvé à l’attribution des 20% de la convention. Par exemple si 75% des jeunes sondés ont eu une sortie positive ou les 120 jours en immersion la Mission locale aura 75% des 20%.

10% du financement sont versés sur le l’outrage compte de la ML l’année N+2 en fonction de la qualité du reporting (yes it’s’ true ! ). C’est en fait une vérification des pièces administratives (attestation des contrats signées, complétude des CERFA, suivi des allocations, signature des PMSMP,… j’en passe et des plus mauvaises). Toujours avec une extraction par sondage !

Je ne ferais pas l’outrage de faire une explication de texte aux lecteurs avertis et éclairés sur la différence entre les mots repris par M. Labbé : « les engagements budgétaires triennaux de l’Etat sont définis jusqu’en 2017 ce qui sécurise encore un peu plus le cadre de mise en œuvre de l’expérimentation » et leur traduction réelle sur le compte en banque des ML. Inutile également de faire un audit de l’IGF sur la trésorerie des ML pour dire que de telles aberrations de financement ne peuvent que renforcer la fragilisation financière des ML.

Exemple de la vie vécue. Une ML doit accompagner 300 jeunes dans l’expérimentation de la Garantie Jeune (GAJE). C’est donc le recrutement de 6 Conseillers (le ratio est de 50 jeunes par conseiller, auquel il est nécessaire d’ajouter un poste administratif et un poste de coordonnateur. Soit 8 recrutements soit 300 000 pour un an (salaire, charge, frais). Sachant que M. Macron n’autorise pas encore de payer les salariés que quand les subventions sont versées, la ML doit donc avancer à minima 6 mois de salaire (150000 €) avant de toucher un euros « sécurisant ».

C’était pour le fond. Fermer le ban !

Ouvrer le ban pour la forme pour le fond !

Grand A : le CDI vs CDD : je suis plutôt du courant qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse. Ainsi un CDD vaut toujours mieux qu’un 3615 code ANPE. Demander à un employeur dans une situation financière fragile de sécuriser l’emploi c’est demander à un capitaine de frégate de jeter ses canots de sauvetage face à l’orage. La pérennisation des emplois arrivera avec la stabilisation financière et bien sur l’accord les deux parties.

Grand B : l’étudiant VS le licencié praticien : demander à un conseiller GAJE « une expérience de deux ans en animation de groupes ainsi qu’un niveau Bac + 3 à 4 » est-il une ineptie ? La réponse est dans la question !

Grand C : le SMIC VS CCN : Pas de doute à ce niveau : C’est les prud’hommes ! Rémunérer au SMIC un conseiller GAJE avec deux années d’expériences et un bac + 3 est une non application de la CCN par conséquent les salariés, l’inspection du travail et les organismes sociaux peuvent demander, devant les tribunaux, le respect de ces obligations !

Voilà c’était juste un petit éclairage sur les réalités de la GAJE ! Histoire de dire que quand on a les mains dans le champ bouilli, lire les incantations ministérielles passées par le prisme des prédicateurs peuvent des fois mal passer dans le cœur des chauds agriculteurs.

Pierre Delisle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Commenter cet article

P
Avē Cæsar! <br /> <br /> Juste si je peux me permettre un léger mais viril apostrophage concernant la partie financement évoquée par notre Maitre Labbé. <br /> <br /> Bien des mots sont partis de Paris pour arriver comme artifice en province. Ainsi et à toute fin utile voici comment sur le terrain se traduit calendairement en euros dissonant et trébuchant le financement de la garantie jeune.<br /> <br /> 50% du financement arrive sur le compte de la ML au premier semestre de l’année N de la convention. (Nous sommes bientôt au cinquième mois de l’année et nous n’avons pas reçu un demi centime d’euros au titre de la convention 2015).<br /> <br /> 20% du financement sont versés sur le compte de la ML au premier semestre de l’année N +1 de la convention au prorata des entrées réalisées et sous réserve que le jeune soit resté à minima un mois dans la Garantie jeune.<br /> <br /> 20% du financement sont versés sur le compte de la ML au deuxième semestre de l’année N +1 de la convention suite à une analyse qualitative des résultats. Un sondage est réalisé sur les sorties positives (emploi, formation, scolarisation) et/ou sur les 120 jours à minima que le jeune aura du passés en entreprise pendant la garantie jeune. Le sondage cela consiste pour la DGEFP à prendre X jeunes, voir le pourcentage d’entre eux qui ont eu soit une sortie positive soit les 120 jours en immersion entreprise et d’appliquer le ratio ainsi trouvé à l’attribution des 20% de la convention. Par exemple si 75% des jeunes sondés ont eu une sortie positive ou les 120 jours en immersion la Mission locale aura 75% des 20%.<br /> <br /> 10% du financement sont versés sur le l’outrage compte de la ML l’année N+2 en fonction de la qualité du reporting (yes it’s’ true ! ). C’est en fait une vérification des pièces administratives (attestation des contrats signées, complétude des CERFA, suivi des allocations, signature des PMSMP,… j’en passe et des plus mauvaises). Toujours avec une extraction par sondage !<br /> Je ne ferais pas l’outrage de faire une explication de texte aux lecteurs avertis et éclairés sur la différence entre les mots repris par M. Labbé : « les engagements budgétaires triennaux de l’Etat sont définis jusqu’en 2017 ce qui sécurise encore un peu plus le cadre de mise en œuvre de l’expérimentation » et leur traduction réelle sur le compte en banque des ML. Inutile également de faire un audit de l’IGF sur la trésorerie des ML pour dire que de telles aberrations de financement ne peuvent que renforcer la fragilisation financière des ML. <br /> <br /> Exemple de la vie vécue. Une ML doit accompagner 300 jeunes dans l’expérimentation de la Garantie Jeune (GAJE). C’est donc le recrutement de 6 Conseillers (le ratio est de 50 jeunes par conseiller, auquel il est nécessaire d’ajouter un poste administratif et un poste de coordonnateur. Soit 8 recrutements soit 300 000 pour un an (salaire, charge, frais). Sachant que M. Macron n’autorise pas encore de payer les salariés que quand les subventions sont versées, la ML doit donc avancer à minima 6 mois de salaire (150000 €) avant de toucher un euros « sécurisant ».<br /> <br /> C’était pour le fond. Fermer le ban !<br /> <br /> Ouvrer le ban pour la forme pour le fond !<br /> <br /> Grand A : le CDI vs CDD : je suis plutôt du courant qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse. Ainsi un CDD vaut toujours mieux qu’un 3615 code ANPE. Demander à un employeur dans une situation financière fragile de sécuriser l’emploi c’est demander à un capitaine de frégate de jeter ses canots de sauvetage face à l’orage. La pérennisation des emplois arrivera avec la stabilisation financière et bien sur l’accord les deux parties. <br /> <br /> Grand B : l’étudiant VS le licencié praticien : demander à un conseiller GAJE « une expérience de deux ans en animation de groupes ainsi qu’un niveau Bac + 3 à 4 » est-il une ineptie ? La réponse est dans la question !<br /> <br /> Grand C : le SMIC VS CCN : Pas de doute à ce niveau : C’est les prud’hommes ! Rémunérer au SMIC un conseiller GAJE avec deux années d’expériences et un bac + 3 est une non application de la CCN par conséquent les salariés, l’inspection du travail et les organismes sociaux peuvent demander, devant les tribunaux, le respect de ces obligations !<br /> <br /> Voilà c’était juste un petit éclairage sur les réalités de la GAJE ! Histoire de dire que quand on a les mains dans le champ bouilli, lire les incantations ministérielles passées par le prisme des prédicateurs peuvent des fois mal passer dans le cœur des chauds agriculteurs.<br /> <br /> Pierre Delisle.
Répondre