Mission. Insertion (Philippe Labbe Weblog. II)

(beau) lot de consolation et toile d’araignée. (Philippe LABBÉ, 9 mai 2012)

21 Mai 2012, 11:42am

Publié par mission

 

Jean qui rit…

Ex post. Il n’est ni élégant, ni bon de trop se réjouir de son succès et, corollairement, de la défaite de l’adversaire.

Ex ante. Au même titre qu’il n’est jamais très malin avant une confrontation de pronostiquer une victoire à la Pyrrhus : l’ex-candidat et président en sursis hebdomadaire aurait du s’en souvenir car, si le succès n’est pas triomphal, il devient un échec. Ce fut le cas pour le face-à-face.

In itinere. Si la moitié de la France exulte à la Bastille, l’autre moitié pleure à la Mutualité, ce ne sont que moments nécessairement rattrapés par la (dure) réalité.

Toutefois, une consolation pour celles et ceux qui gémissaient dimanche soir : leur champion est à l’abri du besoin ad vitam, sans même piocher dans la fortune de son épouse ou reprendre les rênes de son cabinet d’avocats. Peut-être fera-t-il quelques conférences ici et là, les ex semblent apprécier ce beurre dans leurs épinards : Clinton, Blair, Gorbatchev… A 100 ou 200 000 € l’heure, il y a peu de missions locales susceptibles d’y recourir pour fêter leur anniversaire et l’on ne peut que louer la sobriété de la mission locale de Marne-la-Vallée qui a édité pour ses vingt ans un aussi beau que moins onéreux DVD.

S’agissant de son revenu de solidarité et comme nous l’apprend Le Monde.fr, Marianne saura se montrer généreuse puisque – c’est le cas de tous les ex – il bénéficiera d’un revenu brut à vie de 6 000 euros auquel s’ajoutent une indemnité mensuelle de 11 500 euros net s'il décide de siéger au Conseil constitutionnel – la tâche n’est pas épuisante –, des primes de « sujétion spéciale »accordées par l'Etat pour « compenser les contraintes subies dans l'exercice des fonctions », dont le montant est laissé à discrétion, et une « série d’avantages matériels » : appartement de fonction « meublé et équipé », deux policiers pour assurer sa sécurité, une voiture de fonction avec deux chauffeurs, sept collaborateurs, mais aussi des cartes de circulation illimitées sur Air France (en classe affaires) et à la SNCF (première classe). Enfin, s’il souhaite passer quelques vacances à l'étranger, nul besoin de rechercher un comparateur de prix : Nicolas Sarkozy sera accueilli par l'ambassadeur de France et bénéficiera d'un « hébergement dans les résidences de l’ambassadeur ou des consuls ». 

Globalement 25 à 30 000 euros mensuels pour l’alimentation et des petits à-côtés. Selon René Dosière, député apparenté PS de l’Aisne et spécialiste de la gestion des finances publiques, l'addition pour l'Etat est estimée à 1,5 million d'euros par an et par ancien président. On peut se consoler par comparaison : 1,5 million d’euros, c’est, selon le Canard enchaîné du 25 avril 2012, exactement le budget annuel consacré par l’Etat sud-africain pour entretenir les épouses de son président Jacob Zuma, insatiable polygame qui vient de prendre une sixième épouse « dans un pays où 40% de la population vit dans une grande pauvreté ».

Revenant chez nous, la retraite à vie au terme de cinq ans… il y a de quoi s’interroger sur l’intérêt de revenir au septennat, voire de garder nos présidents à vie ou, comme le note malicieusement un commentaire d’internaute, « on a intérêt à élire des nonagénaires pour limiter les frais ! »

Il a régné…

Ceci étant, quid des missions locales avec le nouveau président, l’hypothèse posée étant qu’il disposera d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale – le Sénat, c’est déjà fait- et que le gouvernement pourra gouverner ? Le mouvement du Big Bang des politiques jeunesse, a mis quelque temps à s’imposer mais, désormais, représente une force avec 67 organisations et 920 personnes signataires – il est toujours possible et souhaitable de signer : http://www.bigbangjeunesse.net/lire-la-proposition-et-signer/ - Ce mouvement citoyen a rencontré François Hollande, alors candidat : sur la photo du site, on reconnaîtra d’ailleurs Jean-Patrick Gille, président de l’UNML, à ses côtés lors de cette réunion. L’engagement est, dans le cadre d’une loi de programmation, de créer un « grand Service Publique de l’Orientation et de l’Accompagnement » avec, selon Vincent Peillon et rapporté par le SYNAMI, « les missions locales comme acteur majeur en articulation avec le système éducatif (CIO en particulier). » Vincent Peillon compte sur les régions pour qu'elles s'impliquent dans le processus. Les missions locales « acteur majeur », c’est bien… reste que, sauf à être dans le secret des alcôves, on en est donc aux supputations avec une hypothèse : les missions locales dans le packaging de l’acte 3 de la décentralisation. Pour autant, on imagine mal que, compte-tenu de sa compétence, l’Etat se prive de son outil de la politique de l’emploi pour les jeunes. Ce fût en tout cas la réflexion de Raffarin en 2004.

Reste à ce moment posée la question centrale : quelle sera l’articulation entre les missions locales et une politique nationale telle que le CIVIS sous ce nom ou sous un autre ? Cette question est essentielle car elle détermine ce qui fait le quotidien mais également l’identité des missions locales. En effet, si les modalités de la commande publique d’Etat demeurent similaires – pour aller vite, « faire entrer les jeunes dans le CIVIS » -, on en restera à ce fonctionnement « commanditaire – opérateur »… avec ou sans toile d’araignée (les négociateurs de la CPO s’y reconnaîtront).

A suivre… 

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