Mission. Insertion (Philippe Labbe Weblog. II)

L’accompagnement socioprofessionnel (ASP) en mission locale. Une approche systémique (1). (Philippe LABBE, 27 mars 2012). 1/5

16 Avril 2012, 09:07am

Publié par mission

« Etre à la hauteur des circonstances est difficile quand elles sont au plus bas. Or, elles ne sont jamais à la hauteur. »

Jean Baudrillard, 2005, Cool Memories V. 2000-2004, Paris, Galilée, p. 105.

 

 

 

1.S’il appartient à la tradition du travail social et, bien plus en amont, à celle du compagnonnage, l’accompagnement est une notion qui a été très largement appropriée par les « intermédiaires des politiques de l’emploi ». Arrêtons-nous un court instant sur cette expression…

L’expression « intermédiaires des {ou de la} politique{s} de l’emploi » - le possible pluriel révélant assez bien l’impression de discontinuité d’une politique publique… dont on attend pourtant a contrario une continuité - est assez rarement utilisée de nos jours. Dans l’ouvrage – précisément – Les intermédiaires des politiques publiques de l’emploi, on trouve un article de Didier Demazière qui identifie ces intermédiaires comme travaillant à l’ANPE ou dans (sic) « les structures-jeunes » (missions locales et PAIO) : « Le travail de ces agents {…} est inscrit dans une tension entre deux catégories de savoir-faire, socio-techniques et socio-cliniques : les premiers renvoient à la maîtrise, par les agents, de règles générales (dispositifs réglementaires, outils techniques…) et conduisent à une approche catégorielle des demandes à traiter ; les seconds renvoient aux capacités de jugement, de discernement, d’interprétation de ces agents, et procèdent d’une gestion individualisée et sur mesure des demandes. » (Demazière, 2000, p.139). On peut, selon nous à juste titre, s’interroger sur le fait que, résumé, on a ici le nœud de la problématique centrale du métier de conseiller… nous pourrions préciser en disant « en mission locale » ou « dans les structures de l’insertion par l’activité économique », tant la situation, désormais, à Pôle emploi semble éloigné du minimum requis pour parler d’accompagnement  : des acteurs fondant leur action – et leur professionnalité – sur le volet « socio-clinique » et sur l’individualisation de l’offre – avec « l’écoute » - contre des agents – « de la nécessité économique », dirait Pierre Bourdieu (2000, p. 183) - déclinant des règles sociotechniques, saisissant sur le mode des « TOC » (troubles obsessionnels compulsifs) des informations sur leur logiciel, traitant et classant des « D.E. » (demandeurs d’emploi… « FM » - fin de mois -, « LD » - longue durée -, « TLD » - très longue durée…) de catégories « A », « B », « C » ou « D »…

 

2.On peut représenter ce nœud ou cette tension par une typologie des relations par opposition. Celle-ci est contrastée, tranchée… certainement accentuée. Cependant c’est moins le premier type de l’agent qui pourrait être contesté que le second type, l’acteur, car force est de constater que l’évolution va du second vers le premier… ce qui justifie l’avertissement « en théorie » et ce qui explique le leitmotiv de la « perte de sens » dans le secteur de l’insertion peuplé (en principe) d’acteurs mutant en agents.

Pour Maela Paul, les pratiques d’accompagnement oscillent « entre les extrêmes d’un axe sens/technique qui s’en trouvent ainsi reliés : entre une logique socio-technique (préconisant l’objectivité) et une logique de la sollicitude (fondée sur la subjectivité), entre la rationalité (de la conception en dispositifs) et relationalité (des situations de face à face), entre procédural et herméneutique. » (Paul, 2004, p. 306) On serait moins dans le choix entre deux modèles distincts ou, plus exactement, face au mouvement d’un modèle vers l’autre que dans la combinaison variable en fonction des situations et des temporalités, toute chose justifiant une « pluralité » de l’accompagnement. Si l’auteure recourt à la même expression de « socio-technique » que Demazière, elle opte pour la « sollicitude » plutôt que pour le « socio-clinique » mais la sollicitude est une posture simplement ou purement humaine, loin d’être réservée au champ professionnel : s’agissant d’étudier l’accompagnement en tant que concept majeur de l’insertion, on peut s’interroger sur la pertinence du recours à ce sentiment de sollicitude, comme d’ailleurs sur l’opposition entre « rationalité » - qui, en fait, est rationalisme – et le néologisme de « relationalité » qui, selon nous, recouvre en fait la rationalité dès lors qu’à l’intelligence se mêle l’affectivité. Même si se combinent encore dans les représentations des éléments des deux types, parce que l’évolution est récente, nos observations aboutissent au constat d’une tendance lourde allant du « socio-clinique » au « sociotechnique » moins en mêlant les items avec la perspective d’un troisième type qu’en abandonnant en rase campagne l’acteur. L’espoir, car il en faut un, est que ce travail de dévoilement – ce que devrait être l’accompagnement socioprofessionnel - contribuera à revenir vers plus de raisonnable, c’est-à-dire d’humain.

 

 

Personnages

Agents

Acteurs

Catégories de savoir-faire

Sociotechnique

Socio-clinique

Position vis-à-vis du système

Agis par le système

Agissant sur le système

Modèles cognitifs

Rationalisation

Rationalité, affectivité

Tropismes

Règlement, classification, résultats

Besoins, projet, réalisation

Modalités

Application, décision, hétéronomie.

Négociation, contractualisation, autonomie.

Outils

Informatique

Ecoute

Axes de professionnalisation

Professionnalisme

Professionnalité

Cibles

D.E.

Usager

Focus

Approche sectorielle

Approche globale

Volumes

Stock et gestion de flux

Individualisation

Dynamiques discursives

Descendante, logique programmatique.

Ascendante et latérale, logique projectale.

 

Signification des items.

- « Catégories de savoir-faire » : selon la proposition de Demazière, étant entendu que ces « savoir-faire » ne sont pas qu’exclusivement techniques ou instrumentaux mais incluent des savoirs cognitifs et comportementaux.

- « Position vis-à-vis du système » : la notion d’agent est ici comprise « à la manière de » Pierre Bourdieu - mais en forçant le trait, nous en sommes conscients - c’est-à-dire en considérant l’individu sur lequel pèsent de très lourdes déterminations : origines et habitus de classe, positions sociales… Dans cette conception, l’agent est agi par le système : les intervenants sociaux utilisent plus volontiers l’expression « est instrumentalisé ». A l’inverse, l’acteur implique une, sinon autonomie, du moins marge d’autonomie plus grande et vise à transformer le système (« agir sur »), dans la tradition de sa lignée généalogique qui est celle de l’éducation populaire.

- « Modèles cognitifs » : c’est ici le mode d’organisation des ressources intellectuelles – comment est pensé le problème spécifique ou, plus largement, la question sociale ? – qui est pour l’agent la rationalisation entendue comme théorie close sur elle-même, « système logique parfait, fondé sur une déduction ou induction », et pour l’acteur la rationalité

« … ouverte par nature, {qui} dialogue avec un réel qui lui résiste. Elle opère une navette incessante entre l’instance logique et l’instance empirique ; elle est le fruit du débat argumenté des idées, et non la propriété d’un système d’idées. » (Morin, 2000, p. 22).

- « Tropismes » : ce qui oriente l’action. Pour l’agent, l’orientation est normative et fortement déterminée par les résultats (l’accès à l’emploi). Pour l’acteur, la valeur cardinale est le projet de l’usager, lui-même fondé sur l’éclaircissement de ses besoins et de son « projet de vie » qui sont confrontés à ses « capabilités » (2) et aux possibilités de l’environnement ; la logique est ici celle de l’autonomie, bien entendu relative…

- « Modalités » : dans le cas de l’agent, la modalité dominante est l’hétéronomie – il applique les normes et prescriptions (« J’appelle sphère de l’hétéronomie l’ensemble des activités spécialisées que les individus ont à accomplir comme des fonctions coordonnées de l’extérieur par une organisation préétablie. » Gorz, 1988, p. 49) - et il s’agit, par un jeu de récompenses (allocation) et de sanctions (radiation), de parvenir à ce que la décision initiale (le retour à l’emploi) soit effective ; dans le cas de l’acteur et en cohérence avec ce qui précède, l’interaction s’organise sur la base d’une négociation, appelle la contractualisation et promeut l’autonomie, toujours relative… mais, in fine, c’est bien l’usager qui décide (dès l’amont, avec le principe de la libre adhésion qui, assurément, est un critère clivant, discriminant de l’autonomie (3)) et ce qui compte pour l’intervenant est ce qui est réalisé à partir de l’évolution du parcours. Cette différence d’appréciation entre ce qui est fait, le réalisé, et ce qui est atteint, le résultat, est au cœur de l’incommunicabilité de l’évaluation entre financeurs et acteurs, d’autant plus que la logique de résultats se satisfait de chiffres et de données quantitatives alors qu’en face c’est à partir du parcours et du projet, dont une partie est indicible, que les intervenants sociaux expliquent leur action… et s’y retrouvent.

- « Outils » : l’outil de l’agent est son programme informatique, ce qui lui permet de garantir une « traçabilité » qui, elle-même, est en quelque sorte son sauve-conduit pour pouvoir continuer à travailler : le véritable objectif est d’ailleurs moins l’usager que l’agent ; l’outil de l’acteur est l’écoute, plus une pratique et une posture à vrai dire. Cependant la tendance observée dans d’assez nombreuses structures à faire saisir les informations tout en conduisant l’entretien, alors qu’une écoute de qualité exclut cette saisie synchronique, révèle une évolution d’une « intelligence affective », mêlant rationalité et affectivité (4),vers une « intelligence artificielle »… dont on se rappellera que son problème est d’être artificielle, donc non intelligente ! (5)

- « Axes de professionnalisation ». La professionnalisation peut se comprendre comme l’évolution coordonnée de trois axes interdépendants : la profession, en tant que système garantissant des conditions stables et sécurisées de travail ; le professionnalisme, lui-même articulant l’acquisition de compétences cognitives (« savoirs »), instrumentales ou techniques (« savoir-faire ») et comportementales (« savoir-être ») ; la professionnalité qui correspond au sens que l’on trouve et met dans son action professionnelle. Chez l’agent, le professionnalisme se résume à l’acquisition des compétences alors que l’acteur est en demande récurrente de sens, de professionnalité : sans celle-ci, l’investissement dans l’acquisition de compétences est contre-productive (6).

- « Cibles ». Pour l’agent, l’interlocuteur est le « D.E. » qui, auparavant, aura été évalué (profilage) sur le critère de « distance à l’emploi ». Pour l’acteur, l’interlocuteur est un « sujet », nécessairement singulier, le point de départ n’étant pas – en théorie – les freins à l’emploi mais les potentialités et les ressources. L’acteur a fait sien empiriquement cet enseignement de Becker selon lequel le déviant – par exemple le chômeur au regard d’une situation ordinaire de travail – l’est parce qu’il est désigné comme tel. (7) Et, subséquemment, il parie sur les ressources, non sur les déficits car, s’il optait pour ces derniers, il mettrait en place les conditions d’une prophétie autoréalisatrice.

- « Focus » : un focus est une point sur lequel se concentre l’attention. Pour l’agent de Pôle emploi, typiquement, c’est l’emploi ; pour l’acteur, l’approche est dite « globale », c’est-à-dire refusant de dissocier – et même de hiérarchiser - l’économie et le social. Rappelons cet avertissement d’André Gorz : « La socialisation continuera à produire des individus frustrés, inadaptés, mutilés, déboussolés aussi longtemps qu’elle persistera à tout miser sur « l’intégration sociale par l’emploi », sur l’intégration dans une « société de travailleurs » où toutes les activités sont considérées comme des « moyens de gagner sa vie ». » (Gorz,1997, p. 115). Ceci apparaît d’autant plus juste que, pour bon nombre de jeunes s’adressant aux missions locales, compte-tenu de leur faible niveau de qualification, les emplois qui leur sont promis sont rarement ceux dans lesquels on peut le plus s’épanouir. A ceux-ci s’ajoutent les jeunes qui n’accèderont qu’épisodiquement, voire pas du tout, au travail : tout miser sur le travail revient à mettre en place les conditions d’une frustration maximale.

- « Volumes » : l’agent raisonne en « stock » et en « flux » alors que l’acteur met en avant, encore une fois théoriquement (8), l’individualisation des parcours.

- « Dynamiques discursives » : l’agent est en charge de relayer les orientations de la politique de l’emploi, le mouvement étant donc descendant et correspondant à l’exécution d’un programme ; à l’inverse, l’acteur s’appuie sur l’usager pour, outre faire émerger son projet, faire évoluer le système puisque l’axiome et aussi l’axiologie de départ sont que la source des difficultés ne réside pas dans la personne – ou, en tout cas, pas prioritairement - mais dans l’organisation du marché du travail.

 

3.Si les deux types s’opposent point par point, sans guère d’économie agents et acteurs s’accordent pour user du terme d’accompagnement avec, on l’a vu, des significations et en tout cas des logiques et des pratiques différentes : « L’accompagnement est ainsi devenu le mot le plus général pour désigner les pratiques d’un ensemble très large d’intervenants sociaux dans les secteurs les plus divers. » (Megevand, 2005) Il existe même depuis 1987, confondant finalité et processus, un… « Mouvement pour l’Accompagnement et l’Insertion Sociale » (soit « MAIS ») qui, d’ailleurs, ne distingue pas dans ses objectifs l’accompagnement social de l’accompagnement professionnel (« … développer la recherche et l’élaboration de projets concernant l’accompagnement social et/ou professionnel de personnes en difficulté d’insertion, vivant ou se préparant à vivre en milieu ordinaire »). Il y aurait sans doute beaucoup à dire de la conception de l’accompagnement telle que présentée par ce MAIS : « L’expérience du travail social montre que l’autonomie commence par la prise de conscience d’avoir besoin d’aide {ce qui signifierait que, si l’on n’a pas besoin d’aide, on n’est pas autonome…}, de savoir gérer ses dépendances {expression étonnante} et accepter les règles, les lois communes, assumer son ou ses handicaps et ses difficultés d’insertion sociale. C’est la capacité de faire face en construisant une réponse adaptée à ses possibilités et ses limites : c’est consentir à soi-même. » Consentir à soi-même : on peut être quelque peu désappointé devant cette ambition… (9)

 

Deux raisons majeures expliquent probablement cette appropriation :

 

4.La première est que, pour les acteurs dans la mesure où ceux-ci considèrent la personne dans sa globalité, l’accompagnement humanise la mise à l’emploi : cum panere, partager le pain, c’est l’expression littérale d’une intimité humaine. Isabelle Astier parle d’ « une activation douce » (Astier, 2007) … Pour Mireille Berbesson et Binh Dô-Coulot, « L’adoption généralisée de ce terme d’accompagnement a permis à bon compte de « moderniser » l’intervention : on « n’aide » plus, on « n’assiste » surtout pas, on « suit » de moins en moins, on «accompagne». Et comme on intervient dans le champ social, on fait donc de «l’accompagnement social». » (Berbesson, Do-Coulot, 2003)

 

5.La seconde raison, qui concerne plus les agents, tient à la mutation du marché de l’emploi, à sa flexibilité, qui appelle une « sécurité sociale professionnelle », l’accompagnement représentant en quelque sorte en contrepoint une garantie de stabilité et de continuité dans l’instabilité et la discontinuité : « Vivre dans l’immédiateté les mouvements de fond qui changent la société renforce le sentiment de la fin des stabilités et la nécessité, pour la collectivité, de penser l’avenir davantage en termes de développement qu’en termes de protection et de reproduction, pour les individus, d’apprendre à gérer leurs trajectoires de vie dans et malgré les incertitudes et, donc, à développer leurs capacités propres d’innovation. » (Charvet, 2001, p. 188) A bien y réfléchir, on n’est guère éloigné de ce « point fixe » que Robert Musil recherchait en plantant un clou dans un jet d’eau (Musil, 1956).

 

6.Point essentiel, l’accompagnement n’est pas qu’une modalité du travail ou de l’intervention sociale mais il est devenu – pour les jeunes et avec l’article 13 de la loi de cohésion sociale – un nouveau droit - créance voulu par le législateur : « Toute personne de seize à vingt-cinq ans révolus en difficulté et confrontée à un risque d’exclusion professionnelle a droit à un accompagnement, organisé par l’Etat, ayant pour but l’accès à la vie professionnelle. » Plutôt qu’au compagnon, l’accompagnement renvoie ici à l’accompagnateur : quelqu’un qui guide et qui soutient, qui aide à franchir des obstacles et indique le chemin : « Dans tous les rapports sociaux, il est un stade où quelqu’un nous prend par la main et nous guide. » (Sennett, 2003, p. 50)

 

7.L’expression assez commune d’« accompagnement social » demeure cependant ambiguë car elle signifie généralement un accompagnement dans tous les champs de l’activité humaine, excepté celui du professionnel : habitat, mobilité, culture, santé, etc. Cependant, dès lors que l’accompagnement social soustrait  le champ professionnel, force est de constater qu’il n’est plus global. De la sorte, l’accompagnement social ne peut être, déjà textuellement, global ; il peut par contre, s’il s’inscrit dans une conception professionnelle et sociale, être une sous-partie d’un accompagnement global. Cet accompagnement social « raccroché » à l’insertion professionnelle peut aussi être, il faut en être conscient, une sorte d’illusion ou d’alibi comme une cerise sur le gâteau, lui en dur,  du professionnel : ainsi « l’appui social individualisé (ASI), une mesure qui permet que les demandeurs d’emploi soient, le cas échéant, orientés vers des soins psychologiques tant leur mal-être paraît compromettre leur reprise d’emploi, n’a acquis une certaine légitimité qu’accrochée au train de la recherche d’emploi et prescrite par l’ANPE. Comme si même à l’égard des personnes les plus éloignées de l’emploi, il fallait continuer à faire semblant coûte que coûte de se fixer l’objectif de l’emploi « normal ». » (Noblet, 2005) Autrement dit, le social serait l’excipient doux, le suave additif d’une dragée amère… du moins dure à se casser les dents sur l’indicateur d’« accès à l’emploi durable ».

 

 

(A suivre...)

 

 

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(1) Cette communication a été faite au Conseil Régional de Lorraine le 27 mars 2012, à l’occasion des « Journées des acteurs de la formation », manifestation organisée par l’Université.

(2) Pour l’économiste Amartya Sen (prix Nobel d’économie en 1998, s’inscrivant dans la théorie du choix social et inspirateur du Rapport sur le Développement Humain, publié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la capabilité recouvre la possibilité effective qu’un individu a de choisir entre diverses façons d’agir.

(3) Paradoxalement, ce principe de libre adhésion s’associe à celui d’obligation, l’une impliquant l’autre dès lors que les termes du contrat sont connus des parties et acceptés par celles-ci. Ainsi en est-il chez les Compagnons : « L’idée d’obligation se retrouve encore dans la signification plus générale du « Devoir » des compagnons. Se « mettre en Devoir », c’est respecter toutes les prescriptions qui marquent le déroulement de la vie communautaire. L’appartenance à une société compagnonnique implique le respect de règles strictes qui ordonnent les comportements, les fonctions, les relations. Et la fierté des compagnons tient au fait que cette discipline en apparence si rigoureuse est « librement consentie ». » Annie Guédez, 1994, Compagnonnage et apprentissage, Presses Universitaires de France, « Sociologie d’aujourd’hui », p. 28.

(4) « La rationalité doit reconnaître la part de l’affect, de l’amour, du repentir. La vraie rationalité connaît les limites de la logique, du déterminisme, du mécanisme ; elle sait que l’esprit humain ne saurait être omniscient, que la réalité comporte du mystère. Elle négocie avec l’irrationalité, l’obscur, l’irrationalisable. » (Morin E., 2000, op. cit., p. 22).

(5) Jean Baudrillard écrit exactement : « La tristesse de l’intelligence artificielle est qu’elle est sans artifice, donc sans intelligence. » 1987, Cool Memories. 1980-1985, Paris, Galilée, p. 159.

(6) Tant il est vrai que, si « un bon ouvrier a de bons outils », disposer de bons outils ne suffit pas pour être un bon ouvrier, pas même savoir les manier… encore faut-il avoir envie de les utiliser.

(7) « La déviance est une propriété non du comportement lui-même, mais de l’interaction entre la personne qui commet l’acte et celles qui réagissent à cet acte. » Howard S. Becker, 1985, Outsiders, {1963} éditions Métailié, p. 38.

(8) D’autant plus que la notion de « portefeuille » (de « jeunes en suivi », ce qui se rapproche de « clients ») est courante en mission locale.

(9) http://mais.asso.fr/annonce.php

 

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