Mission. Insertion (Philippe Labbe Weblog. II)

GATTAZ, batterie et soleil vert. (Philippe LABBE, 29 mars 2015)

29 Mars 2015, 16:38pm

Publié par mission

GATTAZ démasqué !

Eurêka ! Enfin une hypothèse jusque-là farfelue concernant Pierre Gattaz, le patron du Medef, devient sinon robuste du moins probable. Quelle hypothèse ? Contrairement au sens commun qui voudrait que Gattaz soit un patron et, en tant que tel, défende les intérêts de ses coreligionnaires, cet homme est un peu voûté non par le poids des turpitudes – « optimisation fiscale », pacte de compétitivité sans contrepartie, gel des salaires et explosion des dividendes… -  qu’il doit asperger d’un cocktail de pragmatisme et d’eau bénite des grands sentiments mais par le double-jeu, épuisant, auquel il se prête. Lequel ? En fait, Pierre Gattaz est une taupe du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), donc trotskiste, OSS 117 infiltré au Medef avec pour mission de faire éclater la révolution en proposant des réformes qui, si elles avaient été à peine susurrées il y a quelques décennies par le Baron Empain (1), auraient mis la France à feu et à sang et lui auraient coûté plus qu’une seule phalange.

 

Quelles propositions ? Las, ce Pierrot ne mégottant pas son épandage d’huile sur le feu, il serait trop fastidieux de toutes les recenser ! Tenons-nous aux plus récentes… en rappelant toutefois qu’il joue sur du velours (= avance sur un escalator) puisqu’il trouve sans peine économistes et experts de la médiacratie qui lui labourent le terrain avec l’axiome «  hyper-concurrence mondiale : coût du travail trop élevé + « charges » trop lourdes = problème de compétitivité française = diminution des salaires et « allègement des charges ». »

 

Donc, pour en revenir à Gattaz qui se la joue Johnny version « Allumez le feu », (rien que) ces dernières semaines : un abattement dégressif de la pension de 62 à 67 ans (plus l'actif se rapprocherait de l'âge de 67 ans et moins le montant de sa pension serait minoré)… une baisse significative du taux des pensions de réversion (versées aux conjoints-tes survivants-tes) de 60% à 40%, hormis si le défunt ou la défunte aura accepté, au moment de son départ à la retraite, de ne percevoir de son vivant qu'une retraite minorée… Bien entendu, « alléger les charges » (= diminuer les protections sociales : chômage, maladie et retraite) et « simplifier » le droit du travail pour toujours plus de flexibilité demeure un prérequis.

 

La batterie est en danger.

Chacun aura d’ailleurs compris, avec cet horizon fixé provisoirement (il n’y a pas de raison de s’arrêter en aussi bon chemin) à 67 ans, que le dessein n’est certes pas de faire travailler jusqu’à cet âge : la Stratégie Européenne pour l’Emploi a beau se fixer comme objectif (« ligne directrice n° 1 ») d’ « accroître la participation au marché du travail », en l’occurrence augmenter le taux d’activité des séniors, les « travailleurs âgés » n’intéressent pas les employeurs pour cause d’obsolescence… dès 50 ans. Non, le dessein est de diminuer le coût des retraites en se fondant sur la probabilité qu’une partie non négligeable de travailleurs renonceront au déambulateur sur le lieu de travail et, donc, accepteront de quitter le marché du travail avec une retraite minorée.

Quant à celles et ceux, vaillants pioupious, qui persisteront et signeront pour atteindre le Graal des 67 ans, ils auront tout loisir, à 68 ans, de méditer sur cette étude réalisée auprès de 246 conseillers-ères en Mission locale, « Epuisement émotionnel et bien-être psychologique, quel rôle des inducteurs organisationnels ? Le cas des conseillers en insertion professionnelle ». Extrait : «  L’épuisement professionnel {qui} s’articule autour de trois dimensions, l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et le non accomplissement personnel au travail (…). L’épuisement émotionnel correspond à la situation où une personne, trop engagée dans ses activités professionnelles, n’a plus d’énergie émotionnelle. Sa vitalité physique est réduite et elle épuise peu à peu son capital énergie. Afin de pouvoir mener ses puiser dans ses tâches à bien, l’individu va puiser dans ses ressources personnelles, qui n’étant pas illimitées, finissent par s’affaiblir ou s’étioler. Ainsi, la personne va se sentir vidée, au bout du rouleau, si bien qu’elle pensera ne pas avoir de moyens à sa disposition pour « recharger ses batteries ». » (2)

 

Soleil vert.

Allez, encore un effort pour s’inscrire dans la roue des entreprises américaines qui, pour leurs salariés, prennent des assurances vie à leur bénéfice ! Oui, vous l’avez bien compris : si leurs salariés meurent, leurs employeurs touchent une prime. De ce fait, les entreprises ont intérêt à ce que leurs salariés meurent précocement puisque, plutôt survient le décès, plus confortable est la prime. Ceci est fort bien expliqué dans le film de Michael Moore, Capitalism, a love story (3). Ainsi, actuaires et autres docteurs Folamour épris d’équations abscons rivalisent de raffinements mathématiques pour calculer les ratios à partir desquels on peut estimer jusqu’à quand un salarié vivant est supportable et à partir de quel moment son décès serait souhaitable pour le profit de l’entreprise. C’est en quelque sorte une nouvelle version de Soleil vert. (4)

On s’attend à ce que le même Pierrot propose qu’un deal soit passé entre chaque salarié et son employeur : si le premier s’engage à décéder suffisamment tôt pour que la prime soit juteuse, l’entreprise en reverserait un pourcentage à ses ayant-droits. Somme toute, une sorte de « suicide assisté monétarisé » (SAM, comme l’oncle), un jeu « gagnant-gagnant » de « destruction créatrice » - Schumpeter se lèche les babines – avec la disparition programmée de la main d’œuvre moins productive remplacée par de nouvelles forces vives garantes d’une meilleure productivité. Qui s’en plaindrait ?

 

Le ciel vous tienne en joie.

 

(1) En 1978, le baron Empain, PDG du groupe Empain-Schneider fût enlevé et ses ravisseurs adressèrent à sa famille, avec une demande de rançon, une de ses phalanges.

(2) MACHADO T., DESRUMAUX P., VALLERY G., (non daté, 2014 ?), http://www.academia.edu/11437481

(3) Visible sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=mzuPeyi7FWc

(4) Film de Richard Fleisher daté de 1973. Rien ne se perd, tout se transforme : une fois morts, les humains sont conditionnés en biscuits réintroduits dans le circuit de production et de distribution.

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