RÉSISTER, C’EST… (Philippe LABBÉ, 05 mars 2015)
Bien des fois, sinon tout le temps, en interrogeant les pioupious des Missions locales j’entends la nécessité éthique de « résister » face à l’instrumentalisation, face au glissement d’une logique de métier à une logique d’emploi, face au programme qui étouffe le projet, face au quantitatif qui dissout le qualitatif… bref, face à beaucoup de choses que vous connaissez plus directement que moi et dont je me fais l’écho ici et ailleurs.
Comme d’habitude, je constate que mes mots sont lus, semble-t-il appréciés mais aussi probablement critiqués – c’est salubre – sans toutefois que lectrices et lecteurs de ce blog, mais également de celui qui l’a précédé (plus de 600 articles : https://plabbe.wordpress.com/ ) ne parvienne malgré d’insistances invitations à une intelligence partagée : on lit, on adhère ou non… mais on ne prend pas sa plume, son clavier plus exactement, pour apporter sa pierre à l’édifice (in « commentaires »). C’est ainsi. Même le simple geste de cocher « like » semble hors de portée, c’est dire !
Alors voilà, cent fois sur le métier il faut remettre l’ouvrage et, de la sorte, je vous propose un petit exercice. Simple. Ordinaire. Faisant appel à vos mots et vos maux. Histoire d’exprimer que ça clignote, que votre balise Argos n’est pas éteinte, que l’étincelle de l’engagement n’est pas que rhétorique.
Ca commence par trois mots, « RÉSISTER, C’EST… », et à vous d’y ajouter ce qui vous vient à l’esprit. Ca ne vous prendra que quelques minutes. Ca n’empiètera pas sur votre précieux temps et si, disons, ce blog recueille 100 contributions – en février, vous avez été 757 « visiteurs uniques », l’objectif est donc modeste -, je m’engage à synthétiser vos contributions. On joue le jeu ?
Pour enclencher la dynamique, ce qui me vient en tête…
Résister, c’est…
« être contre ». Etymologiquement, pour le Larousse, c’est « s’arrêter ». Définition insuffisante et insatisfaisante car résister n’est pas statique mais dynamique, y compris dans une mêlée de rugbymen : on ne se contente jamais d’une position à maintenir car, si l’on croit à ce que l’on doit faire, on doit conquérir… somme toute, faire succéder à la « résistance contre » la « conquête pour ». De la sorte, résister n’est pas camper sur ses certitudes, sur sa foi, sur ses habitudes. Mais résister, c’est…
- Etre capable d’agir contre le sens commun… à commencer par le sien : nos préjugés, nos a-priori, nos condamnations sommaires issues de nos prétentions aussi anthropocentrées qu’imbéciles.
- Etre capable de dire ce qu’il en est, sans précau-circonvolutions oratoires, sans ce rince-doigt de la bienséance intellectuelle qui ne fait pas plus les idées propres que le baisemain ne fait la tendresse (cf. Léo Ferré). Dire et redire, même brutalement, même frontalement, ce que nous savons et croyons en ayant en tête que nous avons, chaque jour qui passe, de moins en moins de temps accordé pour – enfin – exprimer sans convenance mais avec honnêteté et radicalité ( « aller à la racine ») ce que nous voulons dire.
Résister c’est être debout, pariant sur le fait que l’habitude de s’agenouiller n’est en rien l’indication qu’on ne saurait se relever.
A vous de poursuivre (ajouter votre nom ou prénom ou « pseudo »).
RÉSISTER, C’EST…
SergeF (08/03/2015)
Résister c'est raisonner, comprendre ceux qui faussent le jeu démocratique, en particulier les communicants et la médiacratie. Autant la presse doit jouer son rôle afin de permettre les débats et les prises de conscience, autant la médiacratie doit être limitée ( pas de journaux aux groupes financiers monopolistiques ou aux marchands d'armes) et les communicants dévoilés. Je viens de voir sur la chaîne parlementaire LCP à ne pas confonde avec la très réactionnaire Public Sénat même si c'est sur le même canal une émission "rois de la com" où comment tromper les élus, les juges et par suite le peuple. C'est édifiant et résister c'est s'approprier et partager les clés qui permettent de comprendre ces manipulations où notre santé physique et morale est engagée. Intervenir par mail suite aux débats parlementaires et donner notre avis aux parlementaires est une forme de résistance simple. J'ai essayé et les élus de la République répondent. L'adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote. Disait feu Pierre Desproges, résister c'est ne pas s'abstenir!
Docinsert2008 (11/03/2015)
Résister, c'est..
Etrangement, cela me fait penser au concours lancé par l’éducation nationale et dont le thème « Communiquer pour résister 1940 – 1945 », toute proportion gardée par ailleurs, nous ramène à un élément essentiel, selon moi, lorsqu’il s’agit de la défense d’un réseau : la communication !
Par extrapolation, j’en viens ainsi à penser qu’une bonne communication (expression à définir) entre professionnels défendant les mêmes valeurs et axant depuis trente ans leurs efforts vers des objectifs communs, ne peut qu’être bénéfique non seulement pour les professionnels eux-mêmes mais encore et avant tout pour le public pour lequel il travaille.
De ce fait, et ramenant évidemment cette question de la communication (diffusion) à la catégorie de professionnels à laquelle je me rattache, il me paraît important de ne pas oublier qu’un des éléments fondamentaux d’une « entrée en résistance » réussie (et je dis cela sans prétention aucune), suppose, en amont, une capacité, pour un réseau, d’établir un (vrai) système de surveillance de son environnement (ne tournez pas la page SVP…)
En somme, et schématiquement, résister c’est être (notamment) capable d’accéder rapidement aux bonnes informations au bon moment.
Et comme disaient déjà Léonard de Vinci : « Ne pas prévoir c’est déjà gémir », Napoléon : « Se faire battre est excusable, se faire surprendre est inacceptable », et je ne sais plus trop qui : « Action... réaction ! »…
@DimitriHLT (27/03/2015)
Résister c’est à chaque instant essayer de penser à réfléchir.
Résister c’est vouloir se réapproprier le temps, ne plus se laisser submerger sans réagir.
Résister c’est, en prenant un très grand élan et dans un souffle désespéré, cracher vers le ciel pour faire exploser la chape des paradigmes qui nous oppressent.
Résister c’est oser désigner les institutions et les puissants qui nous rendent si impuissants à agir au quotidien avec les jeunes.
Résister c’est vouloir échanger.
Gwend0uline (26/04/2015)
Résister c'est continuer. Continuer à quoi ? Et bien à réfléchir, à s'engager pour ce(ux) en quoi/en lequel on croit. Continuer à espérer aussi (ça fait un peu rêveur, mais tant pis. Parce qu'en ce moment, même espérer devient dur).
Résister, c'est garder foi en l'humain et faire front commun pour arranger les choses.
Et bien sûr, résister c'est avant tout rester positif !
Petit gars de l'Essonne (07/05/2015)
Résister ce n'est ni refuser ou s'opposer, c'est un affirmer un droit à une vie digne et respectée pour tous.
Résister, c'est opposer à l'ordre capitaliste, une société humaine où l'homme est central.
Résister, c'est s'organiser pour lutter collectivement pour s'approprier les moyens de production et enlever ceux-ci aux viles mains capitalistes qui ne recherchent que leurs profits individuels. C'est considérer que les travailleurs (privés d'emploi ou non) doivent lutter ensemble contre les exploiteurs.
Résister c'est refuser la propriété privé des moyens de production et vouloir la mise en place d'une économie basée sur la satisfaction des besoins de tous et non sur l'enrichissement de quelques familles. C'est refuser des rapports humains violents dominés par l'exploitation.
Résister, c'est travailler à construire un monde meilleur.