Mission. Insertion (Philippe Labbe Weblog. II)

Poisson d’avril (Pioupiou35)

3 Avril 2012, 21:27pm

Publié par mission

Eh oui, hélas, robe de bure, cendre sur la tête, mea maxima culpa : ce tsunami des recrutements en missions locales n’était qu’un faux espoir distillé malignement pour le 1er avril.

Pourtant les 6 € par habitant et par an pour chaque jeune en insertion, cela est bien vrai… et permet de mesurer l’importance accordée réellement à l’insertion… Pourtant, sans l’avoir vérifié, 6 € c’est moins qu’une consommation Fouquet’s… Pourtant la sortie de Xavier Bertrand – « Les contrats d’autonomie coûtent vraiment chers, alors que les Missions Locales ont un meilleur rapport coût/efficacité. » -, c’est toujours vrai : il paraît que ce ne sont pas les girouettes qui tournent mais le vent… Pourtant le principe de budget constant, face au glissement technicité vieillesse, à l’augmentation de la demande (primo-arrivants et jeunes en suivi qui désespèrent d’accéder à l’emploi), qui correspond à un infléchissement des subventions, c’est toujours vrai… Pourtant une commande pluri-institutionnelle pour une réalisation multidimensionnelle, c’est cohérent… Pourtant, pourtant… on pourrait en rajouter des tonnes et des tonnes ! Y compris la faible capacité du réseau à mettre sur la place publique, face aux impétrants de la présidentielle, la question de l’insertion des jeunes et, subséquemment, celle de la place des missions locales.

Discutant ce jour dans une mission locale francilienne avec une représentante de DIRECCTE, celle-ci me glissa la probabilité, forte, que l’Etat rejoue le scénario de 2004, c’est-à-dire l’interruption du financement des missions locales (1) : comment anticipe-t-on ce départ, sachant que, d’une part, les Régions ne sont pas toutes au mieux de leur forme financière et, d’autre part, que cela pose inévitablement – et plus radicalement qu’aujourd’hui, même si les inégalités territoriales existent déjà - la question de l’égalité de traitement ? Il y a une croisée de chemin et on peut légitimement avoir l’impression d’avancer sans parvenir à savoir s’il faut bifurquer d’un côté ou de l’autre.  D’où le risque de s’emplafonner.

Une solution me semble être dans les mains des élus communaux et intercommunaux : qu’ils se saisissent de leur mission locale, qu’ils en fassent un outil de leur développement local et de leur politique jeunesse(s), qu’ils s’y investissent pour créer les laboratoires sociaux de l’innovation… Il y a à faire.

C’est dit.  

 

 

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(1) Souligné par "l'éditeur" qui vous propose un petit rappel... histoire de ne pas s'endormir...

Annexe au procès-verbal de la séance du 1er octobre 2003
PROJET DE LOI  relatif aux responsabilités locales,  PRÉSENTÉ  au nom de M. JEAN-PIERRE RAFFARIN,  Premier ministre,  par M. NICOLAS SARKOZY,  Ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales.

« Article 11
Il est proposé de confier aux régions la compétence de coordination de la politique d'accueil, d'information et de conseil à l'orientation des publics, sans distinction d'âge et de statut. L'État conserve quant à lui la pleine maîtrise de l'orientation en milieu scolaire.
Cette nouvelle étape de la décentralisation s'inscrit dans la continuité des mesures prises, concernant le réseau d'accueil des jeunes, dans le cadre de la loi quinquennale de 1993. Elle doit permettre aux régions d'assurer une meilleure organisation de cette fonction, souvent foisonnante, et ainsi de mettre un terme au cloisonnement des interventions et à la stratification des dispositifs juxtaposés sur le territoire sans une réelle plus-value en termes de qualité de service. En effet, les évaluations menées actuellement par le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue montrent que chaque structure a tendance à n'orienter que vers les dispositifs qu'elle finance. Par ailleurs, le maillage territorial des structures d'accueil, d'information et d'orientation reste inachevé.
Concernant plus spécifiquement les missions locales et les permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO), la décentralisation de la formation professionnelle des jeunes initiée en 1993 avait déjà fait des conseils régionaux un partenaire important dans le fonctionnement de ce réseau. Plus récemment, le protocole signé le 20 avril 2000 entre l'État, l'Association des régions de France et le Conseil national des missions locales a actualisé le rôle des missions locales et confirmé les évolutions de leurs modalités de fonctionnement. Le Conseil national des missions locales a également évolué et a été élargi. Outre les représentants des ministères concernés par l'insertion des jeunes et des représentants de présidents de missions locales, élus locaux, siègent désormais des représentants des conseils régionaux, des conseils généraux et des communes. Les collectivités locales exercent en effet une compétence partagée en matière d'insertion et de retour à l'emploi avec l'État à travers les missions locales, les plans locaux d'insertion et d'emploi ou les maisons de l'emploi. Le présent article permet d'achever cette évolution progressive en transférant aux régions la part conservée par l'État dans le financement du réseau d'accueil des jeunes ainsi que la responsabilité du développement du réseau des missions locales et PAIO»

http://www.senat.fr/leg/pjl03-004.html

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